code morse international

Code Morse -

Le Code Morse International

de lecture - mots

Chacun d'entre nous a certainement déjà été exposé à l'image d'un opérateur appuyant frénétiquement sur sa machine pour transmettre le plus rapidement possible les fameux « ti » et « taah » du code Morse !

Ce code a profondément marqué l'histoire de la télécommunication, demeurant longtemps la forme de communication privilégiée pour les transmissions d'informations à longue distance. 

Dans cet article, nous te proposons de décrypter l'histoire passionnante et le fonctionnement du Code Morse International ! 😊

1) Comment fonctionne l'Alphabet Morse International ?

Le code morse est composé de deux types de signaux : un signal court et un signal long.

Jusque là pas de difficulté j’imagine ? 😁 Alors on poursuit ! 

La longueur d’un signal est définie par ce qu’on appelle une unité. Un signal court est composé d’une unité et un signal long est composé de trois unités. Autrement dit, un signal long dure trois fois plus longtemps qu’un signal court.

A chaque lettre, à chaque signe de ponctuation et à chaque chiffre est assigné un signal ou une combinaison de signaux se séparant les uns des autres par une unité. Par convention, le signal court est représenté par un point (à l’oral, sa prononciation est « ti ») et le signal long (le « taah ») est représenté par un trait.

Lettre   Code Morse International
A ▄   ▄▄▄
B ▄▄▄   ▄   ▄   ▄
C ▄▄▄   ▄   ▄▄▄   ▄
D ▄▄▄   ▄   ▄ 
E
F ▄   ▄   ▄▄▄   ▄
G ▄▄▄   ▄   ▄
H ▄   ▄   ▄   ▄
I ▄   
J ▄   ▄▄▄   ▄▄▄   ▄▄▄
K ▄▄▄   ▄   ▄▄▄
L ▄   ▄▄▄   ▄   ▄
M ▄▄▄   ▄▄▄
N ▄▄▄   
O ▄▄▄   ▄▄▄   ▄▄▄
P ▄   ▄▄▄   ▄▄▄   ▄
Q ▄▄▄   ▄▄▄   ▄   ▄▄▄
R ▄   ▄▄▄   ▄
S ▄   ▄   ▄
T ▄▄▄
U ▄   ▄   ▄
V ▄   ▄   ▄   ▄
W ▄   ▄▄▄   ▄▄▄
X ▄▄▄   ▄   ▄   ▄
Y ▄▄▄   ▄   ▄▄▄   ▄▄▄
Z ▄▄▄   ▄▄▄   ▄   ▄

 

La question que tu dois sûrement te poser est comment savoir si l'on est passé au caractère suivant ou au mot suivant !

Ici encore, c’est très simple ! : on y parvient par le nombre d’unités entre les signaux. Trois unités entre deux signaux signifient que l’on est passé au caractère suivant, tandis que sept unités indiquent que l’on est au mot suivant !

De même, pour la transcription, il est convenu d’utiliser un espace comme séparateur des caractères de l’alphabet et une barre oblique (un slash) pour séparer les mots. Alternativement, certains préfèrent utiliser que des slashs : un pour séparer les caractères et deux pour séparer les mots.

Crédits photo : Public Domain / Wikimedia Commons
 

OK, donc, à présent, on comprend comment transcrire des lettres de l’alphabet latin en celles de l’alphabet morse et inversement ! ✍️

Mais, on s’aperçoit assez rapidement que le moindre message va exiger un temps prodigieux pour être transmis. D’ailleurs, même un manipulateur professionnel chargé d’encoder et de décrypter les codes parviendrait difficilement à dépasser cinquante mots à la minute ! (Le record étant détenu par Ted MacElroy qui, en 1939, a réussi à coder et télégraphier 75 mots en une seule minute 🏆)

Heureusement, les ingénieux inventeurs du code alphabétique Morse ont eu la présence d’esprit  🧠 d’assigner aux lettres de l’alphabet les plus utilisées, le signal ou une séquence de signaux court(e) pour minimiser le temps pour transmettre le texte : ainsi, la lettre E, très souvent employée, se transcrit par une seule impulsion courte, tandis que, par exemple, la lettre X sera composée d’un signal long, suivi de deux courts, puis d’un nouveau long !

Encore une petite info qui te sera sûrement utile si tu souhaites te lancer dans la télégraphie électrique en tant que radioamateur par TSF ! Pour avertir le destinataire du message que tu as fait une erreur 😳, envoie-lui huit signaux courts successifs. Cela indiquera qu’il ne faut pas tenir compte du dernier mot émis !

2) Histoire du Code Morse et de la Télégraphie Électrique

2.1) La création du Télégraphe Électrique

Bien qu’il soit possible de transmettre les messages codés en Morse de diverses manières, l’invention du code Morse est indissociablement liée à l’invention du télégraphe électrique !

La création de cet outil est issue de l’utilisation de plusieurs découvertes scientifiques et technologiques ! Parmi celles-ci, on peut citer l’invention de la pile 🔋, en 1800, par Alessandro Volta, permettant le stockage du courant électrique pour une utilisation différée. Mentionnons aussi les expériences du physicien danois Hans Christian Oersted avec un électro-aimant. Il démontra, notamment, les liaisons entre la force magnétique et l'électricité grâce à un instrument dotée d'une aiguille aimantée se mouvant au gré d'impulsions électriques. 

Crédits image : Public Domain / Wikimedia Commons 
 

Mais la paternité du télégraphe électrique revient à deux groupes chercheurs, l’un basé en Angleterre et l’autre aux Etats-Unis. 

C’est dans les années 1830 que le groupe britannique, composé de William Cooke et de Charles Wheatstone, mena une première expérience particulièrement concluante : il s’agissait d’un système télégraphique constitué de cinq aiguilles magnétiques mobiles posées et qui, grâce à des impulsions électriques, s’orientaient sur un panneau pour y désigner des lettres et des chiffres qui y figurés. Une application concrète de cet outil vit rapidement le jour : il a été utilisé par la Grande-Bretagne pour la signalisation sur les lignes de chemin de fer ! 🚥

L’équipe américaine était formée de Samuel Morse et de d’Alfred Vail. Comme on le raconte plus bas, de multiples théories sont avancées pour expliquer les motivations de Samuel Morse (désespoir amoureux, curiosité intellectuelle, appât du gain). Quoiqu’il en soit, c’est après de longs essais, en collaboration avec Alfred Vail, que Morse finit par fabriquer un télégraphe opérationnel ! ✌️ Le dispositif permettait d’envoyer, par une simple pression sur touche, une impulsion électrique grâce à un récepteur situé à l’extrémité d’un fil.

Crédits photo : CC / Wikimedia Commons
 

Il ne s’agissait que d’un prototype ! Et la route fût encore bien longue avant que le système de télécommunication par radiotélégraphie prenne son essor !

2.2) Une tragédie sentimentale à l’origine de l’invention du Télégraphe ?

    Nombreuses sont les théories concernant les raisons ayant pu motiver Samuel Morse à créer son télégraphe.

    L’une des plus romanesques d’entre elles trouve son origine dans un désespoir amoureux ! 💔

    Contrairement à ce que pourrait laisser suggérer sa maîtrise des principes de l’électromagnétisme, Samuel Morse n’était pas physicien de profession. Il était peintre ! 👩‍🎨 Et pas un peintre de renom. Non. Il ne parvenait pas à nourrir sa famille avec son art.

    Cependant, des espoirs lui furent permis lorsque la ville de New York lui commanda, contre 1 000 dollars (ce qui, en 1825, représentait une sacrée somme d’argent !), le portrait du fameux Marquis de La Fayette qui revenait aux Etats-Unis. Sa femme, Lucrèce, enceinte de leur troisième enfant, lui témoigna sa fierté et son espoir de voir désormais devant eux des jours heureux !

    Hélas, quelques jours après l’accouchement, Lucrèce Morse mourut d’une crise cardiaque. Et, à cause de la lenteur des communications, Samuel ne sut la triste nouvelle que de nombreux jours plus tard. Il ne parvint même pas à New Haven dans les temps pour rendre un dernier adieu à sa femme, qui était déjà enterrée. 😨

    Sept ans plus tard, revenant de France pour un projet artistique (n’ayant, une fois encore, pas abouti), Morse participa à des discussions sur les récentes avancées technologiques concernant l’électromagnétisme. Les atouts que procuraient l’aboutissement de ce type d’invention étaient, de toute évidence, phénoménaux !

    Une fois de retour aux Etats-Unis, il se mit alors en tête d’être celui qui réalisera l’invention décisive en la matière ! Il parvint à obtenir un emploi à l’Université de New-York 🏫 et il en profita pour suivre des cours sur l’électricité.

    Crédits image : Public Domain / Wikimedia Commons
     

    A force d’acharnement, il met au point, à l’aide de son assistant, Alfred Vail, un premier prototype de télégraphe opérationnel ! Et c’est en 1838 qu’il présenta au Congrès, son appareil qui aurait pu lui permettre, s’il avait été inventé quelques années plus tôt, d’être plus rapidement informé de l'état de santé de sa femme.

    Dans quelle mesure sa tragédie sentimentale a participé à alimenter sa volonté acharnée d’inventer cet appareil révolutionnaire  destiné aux télécommunications ? Nous ne le serons jamais. Mais avouons que cette théorie est singulièrement belle et émouvante ! 😢   

    2.3) De l'essor du Télégraphe électrique au déclin de la Télégraphie sans Fil (TSF)

      Si c’est bel et bien en 1838 que l’inventeur du télégraphe électrique présenta pour la première fois son invention devant le Congrès américain, il dut, en revanche, attendre quatre ans de plus pour parvenir à convaincre les Membres de cette institution du sérieux et de l’importance du projet !

      Le Congrès alloua finalement 30 000 dollars 💰 pour mener une expérience à grande échelle. Un système télégraphique dans le Maryland, entre Washington et Baltimore, fût construit et le 24 mai 1844. Et Morse fût l’émetteur du premier message officiel, transmis à son assistant, Vail : « What hath God wrought ? » (ou, en français, « Qu’est-ce que Dieu a fait ? », qui est une citation de la Bible). ✝️

      Crédits photo : George Lane /  CC BY-NC-SA 2.0 / Flickr
       

      Au fil des années, cette invention supplanta les nombreuses variantes de télégraphes qui fonctionnées via des supports alternatifs (par exemple, le télégraphe aérien ou la télégraphie optique avec le fameux télégraphe Chappe se servant de sémaphores).

      Le télégraphe électrique 🔌 a rapidement été utilisé par toutes les personnes désireuses de disposer d'un moyen de communication plus rapide et plus facile : la transmission d’un message, par exemple, entre Washington et New Haven qui nécessitait quatre jours par « cheval de poste » 🐎 pouvait désormais se faire en seulement quatre secondes ! 

      Mais la généralisation de son utilisation nécessitait un réseau télégraphique colossal ! L’entreprise qui accepta de relever le défi fût la Western Union Telegraph Company. Elle développa, à partir des années 50, un système unifié de stations télégraphiques. En 1861, la première ligne télégraphique transcontinentale était érigée, permettant des transmissions de messages d’un bout à l’autre des Etats-Unis ! Puis, ce fût autour du réseau transatlantique ! 😮

      Crédits image : Public Domain / Picryl

      Le développement du télégraphe électrique par radios ne se limita évidemment pas aux seuls Etats-Unis. A la mort de Morse, le 2 avril 1872, de nombreuses lignes télégraphiques étaient en train de s’ériger dans le monde entier. Ce nouveau moyen de communication opérait sur de plus en plus longue distance !

      Ses utilisations dans le domaine civil et militaire ont eut des effets spectaculaires !

      Par exemple, en finance. L’utilisation d’une machine exploitant la radiotélégraphie et le code de Morse, en 1867, a sensiblement accru la vitesse de transmission et le volume des informations sur les cotations des valeurs mobilières et la passation d’ordres d’achat et de vente.

      Evidemment, dans l’armée, le Morse est devenu rapidement indispensable, transmis désormais par télégraphie sans fil (TSF). Et son utilisation était omniprésente au début du 20ème siècle. D’ailleurs, même encore aujourd’hui, certaines armées, tel que l’US Army, forment chaque année un petit nombre de soldat au codage du Morse !

      Le code Morse n'est, en revanche, pas le seul code utilisé par les militaires. D'autres alphabets, tel que l'alphabet phonétique international, sont devenus progressivement des formes efficaces de communication tactique. D'ailleurs, on te dévoile tous ces mystères dans notre article sur l'alphabet militaire😊

      Crédits photo  : Public Domain  / Wikimedia Commons 

      Pour en revenir à nos télégraphes, ils ont résisté courageusement, durant un long moment à l’arrivée de nouvelles technologies. Même avec la généralisation de l’utilisation du téléphone, le Morse conserva une place assez importante dans certains domaines (maritimes notamment). Mais l’apparition d’Internet 👨‍💻 et de la communication satellitaire donna finalement le coup de grâce à l’invention de Samuel Morse.

      Si son utilisation est à présent abandonnée par les militaires et les services maritimes, il est indéniable qu'il a profondément marqué l'histoire de la télécommunication. On peut même retrouver des tatouages codés en Morse, témoignant ainsi de la popularité qu'un jour a eu cet alphabet !  

      3) Comment apprendre le Morse ?

      Pour parvenir à transmettre 50 mots à la minute (qui correspond, rappelons-le, un niveau de radioamateurs confirmés), il faut de l’entrainement et, évidemment, connaître le système alphabétique Morse sur le bout des doigts si l’on peut dire ! 🤭

      De nombreuses méthodes ont été développées afin de d’apprendre l’alphabet avec (plus de) facilité. Nous allons te présenter les deux plus fameuses d’entre elles !

      3.1) Arbre de décodage

        Ici, c’est essentiellement la mémoire visuelle qui est au travail ! 👀

        La méthode se base sur un arbre mnémotechnique. L’arbre binaire est constitué de nœuds et de branches représentant un choix entre une paire de lettres : aux branches primaires est associée la paire « ET », aux branches secondaires sont associées les combinaisons « IA » et « NM », etc.

        Voilà donc à la grande difficulté de ce travail : la mémorisation de l’arbre, avec toutes ses branches ! 😅 Une technique utile consiste à associer à chaque paire un acronyme que l’on entend fréquemment : par exemple, pour mémoriser la paire « IA » de la branche secondaire, on peut penser à Intelligence Artificielle !

        Une fois l’arbre mémorisé, il faut retenir qu’à chaque fois que l’on se retrouve face à un nœud, si l’on se dirige vers la branche de gauche, cela renvoie à un signal court, et, à l’inverse, si l’on se dirige vers la branche de droite, cela renvoie à un signal long.

        Et donc, pour obtenir le signal ou la séquence de signaux associé(e) à une lettre, on regarde le parcours réalisé depuis le nœud primaire.

        Ainsi, pour la lettre « G » par exemple, on doit aller à droite, encore à droite, puis à gauche. On a donc la séquence suivante : ▄▄▄  ▄▄▄  ▄ (soit deux tirets, suivis d’un point). 

        3.2) Méthode syllabique

          Avec la méthode syllabique, c’est au tour de la mémoire auditive de travailler ! 👂

          La méthode consiste à associer un mot à chaque lettre de l’alphabet Morse.

          Ce mot nous renseigne sur le nombre de signaux composant ladite lettre à partir du nombre de syllabes qui le compose ! 

          Reprenons notre tableau mnémotechnique. Par exemple, en retenant le mot « limonade » 🥤,  on saura que la lettre « L » est composé de 4 signaux !

          Lettre   Code Morse  Mot mnémotechnique 
          A ▄   ▄▄▄ arnold
          B ▄▄▄   ▄   ▄   ▄ bonaparte
          C ▄▄▄   ▄   ▄▄▄   ▄ coca-cola
          D ▄▄▄   ▄   ▄  docile
          E Eh
          F ▄   ▄   ▄▄▄   ▄ farandole
          G ▄▄▄   ▄   ▄ gondole
          H ▄   ▄   ▄   ▄ hilarité
          I ▄    ici
          J ▄   ▄▄▄   ▄▄▄   ▄▄▄ jablonovo
          K ▄▄▄   ▄   ▄▄▄ kohinor
          L ▄   ▄▄▄   ▄   ▄ limonade
          M ▄▄▄   ▄▄▄ moto
          N ▄▄▄    noël
          O ▄▄▄   ▄▄▄   ▄▄▄ ostropo
          P ▄   ▄▄▄   ▄▄▄   ▄ psychologie
          Q ▄▄▄   ▄▄▄   ▄   ▄▄▄ quoquorico
          R ▄   ▄▄▄   ▄ ramoneur
          S ▄   ▄   ▄ sardine
          T ▄▄▄ thon
          U ▄   ▄   ▄ union
          V ▄   ▄   ▄   ▄ valparaiso
          W ▄   ▄▄▄   ▄▄▄ wagon-post
          X ▄▄▄   ▄   ▄   ▄ xocadéro
          Y ▄▄▄   ▄   ▄▄▄   ▄▄▄ yoshimoto
          Z ▄▄▄   ▄▄▄   ▄   ▄ zoroastre

           

          Mais comment connaître la nature de ces signaux ? Est-ce des impulsions courtes (des points), des impulsions longues (des traits) ou une combinaison des deux ?

          Pour le savoir, c’est simple ! On se sert d’informations sonores : les syllabes ayant une consonance en « o » correspondent à un signal long ! 😮

          Reprenons notre exemple avec le mot « limonade ». Seule la deuxième syllabe à une consonance en « o », on saura ainsi que la lettre « L » a, en Morse, la notation suivante :  ▄  ▄▄▄  ▄  ▄ (soit un point, suivi d’un tiret, suivi de deux points). 


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